André Dimanche éditeur, 1988
En 1980 commence une aventure qui, trente ans plus tard, dure encore.
Une première saison de textes qui se propose d'écrire une colline. De la décrire donc et, dès ce premier livre, toutes les interrogations centrales sur le langage se mettent en place. Le paysage est exploré et ce qui l'explore questionné.

C'est une colline comme en dessinent les enfants, comme on conçoit d'ordinaire une colline: en vagues douces, en lentes élévations, en courbes retombées; bien assise, culminant sans ardeur... avec toutefois, quelque chose d'un peu flasque, de légèrement vautré dans l'allure... et c'est peut-être ce caractère, cet étalement qui la distingueraient un temps soit peu d'une colline abstraite, d'un cliché géographique, de ce qui vient toujours en mémoire, ou à la pensée, purifié, catégorique, banal, lorsqu'on suggère le mot colline...
Mais une fois lancé, le mot s'applique si parfaitement ici, qu'on n'imagine pas plus juste et meilleure dénomination. Et pourtant, Juliau: tout le contraire d'un stéréotype.
Le 3 Août 1980
Scruter les mille visages de la Face Nord. Suivre la montagne en ses changements; apposer le texte analogue, le pendant.
L'écrire en nos humeurs respectives: recueil d'allures saisonnières... éclats, bribes d'écrits correspondants.
Fixer l'échange, épuiser l'image levée... inépuisable échange.
Je ne rêverai pas; je serai -je le sais- interminable. J'irai à sa rencontre; j'en reviendrai avec quelque chose de gagné sur l'oubli. Je dirai chaque approche comme une incrustation sur l'effacement général, comme un appel réitéré, un élan... un autre élan pour que les échos croisent, que la colline, répétée, soit et survive.