André Dimanche éditeur, 2012
J8 prend acte, face à la colline, d'événements qui la scindent et l'abandonnent d'un côté à l'absence, de l'autre à l'écriture. Mais l'écriture n'est jamais seule car c'est l'absence qui précisément la visite, la travaille, explore et incorpore le désarroi de l'événement.
J9, ou Essai d'écre, tente d'approcher ce que serait l'intouchable noyau dur de l'acte d'écrire. Ce serait, dénué de tout soutien, ce qui rendrait l'impossibilité du poème réellement lisible, et en conséquence la colline effectivement visible par le biais de la seule lecture. Mais ce noyau, comme tous les autres, s'avère inexistant, volatilisé, seulement dicible.
J10 entérine et prolonge l'exploration de la séparation - avant tout celle que l'expression produit - qui va désormais permettre d'aller autrement à la rencontre du motif. Une sorte d'amour de loin réalisé grâce à la visualité spécifique du langage. Le corps passant au jaune comme au marbre de ce qui le séduit. Le paysage relancé sur les rails de la lecture.

Les mots ne nous donnent pas les choses
ils nous les enlèvent
ils nous les enlèvent pour les dire
et les dire: c'est les faire être autrement
le temps qu'ils leur crée, l'espace qu'ils leur accorde
sont peut-être les seuls qui existent vraiment
à côté de nos illusions